Voyager avec un bébé (aka : le périple)

Je repense avec nostalgie au temps où je partais en weekend avec une valise  relativement blindée préparée la veille au soir et un Cher&Tendre râleur à qui j’expliquais que j’avais vraiment, mais VRAIMENT réduit au minimum. Car évidemment, je ne pouvais pas partir 3 jours sans chaussures de running (j’en ai chez mes parents, mais elles ne sont pas aussi bien), tapis de yoga (j’en ai chez mes parents, mais il glisse un peu), corsaire de sport (j’en ai chez mes parents, mais il me fait un gros cul), brosse à dent (j’en ai chez mes parents, mais je ne sais jamais laquelle c’est), cahier de coloriage de mandalas et feutres (ça j’ai pas chez mes parents) (tiens d’ailleurs…), bottes de pluie au cas où il pleuvrait, ballerines au cas où il ferait beau, sandales au cas où il ferait très beau, sandales à talons au cas où on irait au restaurant, chaussures fermées à talons au cas où on irait au restaurant sous la pluie, quatre vernis au cas où je n’arriverais pas à choisir la couleur… BREF, vous voyez l’idée ?

Et puis Mini Smooth est arrivée. Maintenant ma valise fait 23 kilos et c’est à peine si j’arrive à rentrer assez de culottes pour moi dedans.

Ainsi, cet été, je suis partie 3 semaines avec 5 t-shirts, 1 gilet, un short, un jean, une combi de plage, 2 maillots de bain, 6 culottes, 2 soutien-gorges, 3 paires de chaussettes, 1 pyjama et 2 tenues de sport / yoga. Plus un tapis de yoga extra-fin (j’ai du investir, pour la peine). Devinez quoi ? Ca suffit. Même si une fois sur place, j’ai réalisé que je n’avais pas un seul t-shirt à manches longues et que prendre au moins une jupe n’aurait pas été du luxe. Mais bon. J’ai quand même pris mes chaussures à paillettes, mais j’étais invitée à un mariage. Inutile de préciser que j’ai du renoncer à emporter mon stock de nourriture vegan.

Le reste des affaires ? 3 biberons, une boîte de lait (eh oui, l’allaitement a beaucoup d’avantages, dont celui de voyager léger – même si je partais toujours avec un tire-lait et un biberon quand j’allaitais), une poussette, un siège-auto, un babyphone, une gigoteuse, des couches, du liniment, des bodys, des pyjamas, un lit parapluie, un livre en tissu, un doudou en forme de vache, un plan à langer de voyage, un porte-bébé…

Avec des grands-parents à 600 km de chez elle (et à des extrémités opposées de la France ou presque, sinon c’est pas marrant), Mini Smooth est déjà une grande voyageuse (et moi une grande galérienne), puisqu’elle est allée 3 fois à Marseille, 3 fois à Bordeaux et qu’elle a passé ses vacances d’été à Annecy et dans le Périgord, le tout en 4 mois et demi d’existence terrestre.

Voici donc une liste désordonnée et non exhaustive de ce que j’ai retenu de ces voyages :

Bébé prend le train* 

1) Un bébé de moins de 3 mois, ça peut soit hurler non stop, soit dormir tout le trajet en train, en position koala sur ses parents. Mini Smooth a choisi l’option koala, et c’était génial. Il ne faut cependant pas en déduire que ton enfant ADORE le train et va y dormir toute sa vie : un bébé, ça grandit, et un jour il arrête de dormir pendant les 3h30 de trajet, tout simplement parce qu’il n’est pas fatigué. Et là, le parent fait moins le malin. Donc ça vaut le coup de choisir son billet sur des horaires où la bête fait généralement la sieste (évidemment, dans la vraie vie, on prend son billet 1 mois à l’avance et donc les horaires de sieste ont éventuellement changé entre temps) (j’aurai peut-être une astuce pour ça après mon 5ème enfant) (dans tous les cas, je dirais que la fin de journée est une mauvaise idée, c’est le moment où les enfants sont les plus survoltés en règle générale).

2) Si on voyage seul avec ledit bébé, à moins de se sentir en confiance et de le prêter à une gentille dame ou un gentil monsieur pendant quelques minutes, mieux vaut s’abstenir de boire du thé avant le trajet. Bah oui, t’en fais quoi de ton koala quand tu vas faire pipi ? 3h avec du thé vert qui appuie sur la vessie, c’est LONG.

3) Si tu allaites, un haut facile à dégrafer et à rattacher d’une seule main, qui ne te colle pas tout le ventre à l’air, c’est plus cool. J’insiste sur la facilité du remballage, sinon c’est soutif à l’air pendant tout le trajet, sauf voisin sur qui tu peux poser l’enfant endormi quelques secondes, le temps de te rhabiller.

4) Si tu n’allaites pas, le biberon déjà rempli d’eau et la boite doseuse prête à verser la juste dose dans ledit biberon, c’est pas mal non plus).

5) Tu la vois, la tétine sous le siège ? Tu te vois demander au voisin de se mettre à quatre pattes pour la ramasser, te trimballer ton mioche qui chouine jusqu’aux toilettes et faire la queue pendant que le train bouge pour rincer la tétine ? Bof ? Donc, prévoir 4-5 tétines propres, ça ne mange pas de pain (NB : vaut aussi pour l’avion, même si dans l’avion, l’hôtesse de l’air va te rincer la tétine si elle est gentille).

6) Le porte-bébé peut s’avérer un allié précieux pour le train : pour balader l’enfant qui chouine, pour sortir du train en portant enfant, sac à main, sac à langer, lit parapluie et valise (honnêtement c’est compliqué, mais généralement y a des gens qui proposent de l’aide quand même). Le problème du porte-bébé, c’est qu’il bouffe la moitié de ton bagage à main. Le problème de l’écharpe, c’est que ça peut rebuter de nouer l’engin dans le train qui bouge avec les pans qui balaient le sol. C’est là que le sling (ou écharpe sans noeud) intervient, dans lequel on enfile l’enfant en 15 secondes et qui ne prend pas (trop) de place dans les affaires. Problème réglé.

7) Ajouter à sa misère le trajet en RER / Métro / Bus pour aller à la gare, c’est possible, mais pas nécessaire. Du coup on a tenté l’option SNCF Porte-à-Porte. A l’aller, le mec est arrivé avec 15 minutes de retard (Cher&Tendre a jugé bon d’appeler pour gueuler parce qu’il devait prendre le train avec un bébé et une femme handicapée et que le chauffeur était à la bourre) (j’ai donc du boiter afin de mimer le handicap léger quand le mec est arrivé) et au retour il ne nous a pas aidés à porter les bagages (il a pris le lit parapluie format nouveau-né, qui pèse 500g, nous laissant galérer avec la valise de 30 kilos, le siège auto, la poussette, le sac à langer, le sac de sport et l’enfant qui pèse 7 kilos. Ensuite il a traversé la gare à toute allure, se retournant d’un air excédé quand il voyait qu’on ne suivait pas). Du coup à ce stade, je ne vois pas trop l’avantage par rapport à un taxi ou Uber.

Bébé prend l’avion 

1) La carte d’identité est OBLIGATOIRE (même s’il a 3 semaines, et on ne vous remboursera pas vos billets parce que vous n’avez pas de pièce d’identité pour la bestiole) (non le livret de famille, ça ne suffit pas).

2) Le Polysilane, ce tube de pâte rose à la framboise miracle qui apaise les bébés en soulageant reflux et autres douleurs gastriques, en rupture de stock nationale et pour lequel tu as écumé 18 pharmacies ? Ca ne passe pas la sécurité parce que le tube fait 170g. Poubelle et sanglots.

3) La tétine, ça ne suffit pas pour empêcher le bébé d’avoir mal aux oreilles et de pleurer à l’atterrissage et au décollage (enfin, dans l’autre sens). Le biberon, si (avec de l’eau dedans si c’est pas l’heure de manger).

4) La Yoyo 0+ est bel et bien homologuée Bagage cabine, et même que tu es un peu une star quand tu passes avec :

« Vous êtes sûre qu’elle rentre, votre poussette ?

– Oui, c’est une Yoyo.

– Ah, je ne l’avais jamais vue en vraie. Allez-y alors.

(le collègue de l’hôtesse de l’air arrive pour voir la scène)

– Qu’est-ce qu’elle dit la dame ?

– Elle dit qu’elle a une Yoyo.

– Aaaaah, la poussette Air France ! »

Alors techniquement, c’est pas vraiment une poussette Air France (hein, Monsieur Chaudeurge ?), mais bon si au mot magique « Yoyo », on passe toutes les sécurités et qu’on peut ne ranger sa poussette qu’une fois AU PIED de l’avion, c’est quand même absolument magique (parce que pour le coup, une fois passés les portiques de sécurité, tu es seule avec sac à main, sac à langer, gilet et bébé de moins de 6 mois (après 6 mois ton bébé peut être dans une bête poussette canne qui passe en cabine : c’est donc pour les poussettes nourrissons que cette Yoyo est une révolution) et tu bénis Babyzen d’avoir fabriqué la poussette qui t’épargne une belle mission : le bébé dans la poussette, quand on porte des sacs, c’est nettement plus simple que le bébé en écharpe.

5) Le personnel ne va pas t’aider à gérer ton bébé, ta poussette et tes 2 sacs pour t’installer dans l’avion. Heureusement, les autres passagers, si (ne sois pas fourbe, laisse les porter le bébé plutôt que replier la poussette, c’est quand même plus sympa) (sauf si le bébé a la couche sale et embaume à 500 mètres à la ronde) (et dis pardon une fois que l’enfant a retapissé le chemisier de la dame de bave).

Quel que soit le mode de transport : 

Courage, n’oublie pas de prendre des jouets et souviens-toi avec émotion du temps où tu matais des séries dans le train.

 

* J’insiste sur la formulation « Bébé prend le train » ou « Bébé prend l’avion » : quand j’ai reçu ma confirmation de vol, il y avait bel et bien écrit « Nom de l’enfant + ACCOMPAGNANT ». La maternité, ce moment où tu cesses d’être une personne dotée d’un nom pour devenir l’accompagnant de ton enfant.