Lubies à gogo

En pleine réflexion « Keske je vais bien pouvoir raconter aujourd’hui ? » j’ai réalisé que j’étais une personne à lubies. Réaliser est un grand mot, et un peu de mauvaise foi, parce qu’on me le dit depuis des années déjà. Disons que j’ai plutôt réalisé à quel point c’était vrai.

Essayons de dresser une liste (plus ou moins) exhaustive des diverses « nouvelles passions » de mon existence. Ceci dit, il faudrait y inclure la passion pour les Pogs, les Babies (voilà qui me remplit de nostalgie, vous vous souvenez des babies ??? J’ai voulu vous mettre une petite photo, mais il n’y a que des photos de particuliers  et je ne voudrais pas prendre le risque de tomber sur un procédurier qui voit quelques euros à gagner parce que j’ai utilisé sa photo sans permission, mais je vous invite fortement à aller voir « Figurines Babies » si vous voulez partager ma nostalgie) les cartes Dragon Ball Z, les albums Panini, et je me dis que ça, ça ne compte pas. Non ?

La première passion dont je me souviens, hormis Pogs and co puisqu’on est d’accord sur le fait que ça ne compte pas, est celle pour la mythologie, qui a commencé en cours d’histoire, en sixième. En sortant du cours de Mme Morel (c’est fou que je me souvienne de son nom, il est revenu tout seul, je crois même avoir brièvement visualisé la salle de classe), j’ai emprunté et dévoré tous les bouquins relatifs aux mythologies grecque et égyptienne que je pouvais trouver à la bibliothèque (ah, la bibliothèque, on y revient encore, il faudra bien que je finisse par l’écrire, ce post !). Puis ça m’est passé comme ça m’était venu, et mis à part quelques noms célèbres et  le fait d’avoir baptisé un bébé grenouille Osiris quelques années plus tard, il ne m’en est rien resté.

Si quelqu’un se souvient d’autres lubies de mon adolescence, c’est le moment. Pour ma part, je crois que les vraies lubies ont commencé à la fac, notamment avec ma copine surnommée Grosse (surnom mutuel et donc nullement insultant, même si un peu choquant pour les inconnus à l’époque où elle était enceinte, mais passons). Avec G, on a eu une première passion pour Les Sim’s, qui ont rythmé nos révisions de partiels en première année (et peut-être bien en deuxième année, aussi). Je me souviens que l’on se fixait des objectifs de révision avec pour récompense à la clé, 1h de Sim’s. Au final, on débordait toujours un peu, mais bon, Histoire du Droit vs Sim’s, y avait comme qui dirait un léger désavantage pour les révisions. On commençait à peine à s’essouffler qu’ils ont sorti Les Sim’s 2 avec tous les addons possibles et imaginables (on avait tout de même validé notre première année de DEUG). Et là, pendant trois ans, c’est la fièvre des jeux de simulation qui m’a prise. En ligne ou non, stupides ou non (d’ailleurs si, toujours plutôt stupides), j’ai joué des heures et des nuits entières à Zoo Tycoon, Roller Coaster Tycoon, Hotel Giant, My e-farm, etc. Je me souviens encore que quand j’ai quitté les RH d’un hôpital parisien où j’avais fait une vacation d’un mois pour mettre de l’argent de côté m’acheter des jeux, tout le service avait un compte sur Kochonland.com (tiens, je vais de ce pas vérifier si le site existe toujours). Oooooh Kochonland existe encore !!!

Un beau matin, alors que j’avais atteint le niveau 5 de Kochonland (je ne sais pas si vous pouvez vous l’imaginer, mais ça correspond à des mois de régularité, à nourrir le cochon tous les matins, changer son lisier, boursicoter sur le marché noir pour échanger des vaccins contre de la paille, etc.) et que j’avais des valises sous les yeux parce que j’avais joué à Zoo Tycoon jusqu’à 5h du matin, j’en ai eu assez et j’ai supprimé mon compte. Je n’ai plus joué à Zoo Tycoon non plus (mais je garde précieusement le jeu, au cas où ça me reprendrait).

Peu de temps avant mon départ pour ce beau pays qu’est l’Allemagne, j’ai été gagnée par la lubie du tricot (j’ai repris il y a quelques temps d’ailleurs, ce qui m’amène à la réflexion suivante : mes lubies sont cycliques).

Ma mère a eu droit à un superbe plaid de 70cm de côté, tricoté pendant presque 6 mois à la sueur de mon front (j’avais commencé en juillet, tant qu’à faire), aux couleurs, euh, originales, mais qui continue d’orner le canapé de la maison (merci Maman).

Entre temps, il y avait eu la lubie « grammaire allemande », plutôt dictée par le désespoir de ne pouvoir se faire comprendre par nos voisins, boulangers et profs pendant notre année allemande. Il faut dire que c’était une lubie utile, mais c’est quand même bizarre, avec du recul, d’imaginer deux étudiantes Erasmus de 20 ans passer des heures dans leur chambre de 10m² à faire des exercices de grammaire sur leur superbe logiciel à 70€ (oui parce qu’une bonne partie de mes lubies est reliée à un ordinateur, quand même), le tout en fumant clope sur clope et en buvant des litres de bière (ou de Coca Light pour G). Et en faisant des pauses Sim’s, naturellement (amis germanistes, vous constaterez qu’à la simple évocation de cette époque, je termine spontanément ma phrase par « naturellement » plutôt que « bien entendu » ou même « bien sûr ». Comme quoi le logiciel-qui-coûte-la-peau-des-fesses a été efficace).

On en arrive à la lubie « bagues en perle de cristal Swarovski », que j’avais presque oubliée. Celle-ci a rythmé nos partiels de maîtrise, et c’est G qui nous l’a rapportée d’un séjour chez sa tante, si je me souviens bien. Elle a débarqué avec une bague, 20 perles et trois patrons, et c’était parti. Quelques semaines plus tard, on avait un catalogue comportant une vingtaine de modèles réalisés par nos soins, environ 500 perles en cristal dans nos placards, et des commandes à la pelle. On a honoré toutes nos commandes, puis on a arrêté, dépassées par l’entreprise et lassées de fabriquer 3 bagues par jour (à cette époque, j’avais réintégré le fameux hôpital parisien et j’y travaillais de nuit ; pendant que les patients dormaient, je ne chômais pas, et j’ai orné les mains d’un certain nombre d’aides soignantes, aussi, tiens).Je crois qu’il reste des sacs de perle chez mes parents, je devrais peut-être les revendre sur Ebay.

La fin de mes études aurait pu marquer la fin des lubies, mais non. Certaines lubies sont revenues au galop, telles que le tricot (Mademoiselle Anonyme et Cher et Tendre ont une superbe écharpe, et C&T ne le sait pas encore, mais il aura peut-être des chaussettes trop d’la balle cet hiver) ou un peu les jeux de simulation, il faut l’avouer (cf les deux heures passées sur Civilization Revolution hier), mais le pire, c’est que de nouvelles lubies continuent de faire leur apparition.

Pendant ma brève période de chômage pré-premier emploi (celle où tu te dis que tu vas peut-être faire partie des gens qui bossent toujours au Mc Do 3 ans après l’obtention de leur double M2) , j’ai été prise , pour le plus grand bonheur / malheur (à vous de rayer la mention inutile) de ma famille, d’une frénésie gastronomique et j’ai effectué environ la moitié des recettes de ce livre (offert par G, qui est mine de rien à la source d’un grand nombre de lubies !).

Comme mes nouvelles lubies occupent une grande partie de ma vie, j’en parlerai certainement plus tard, mais à présent, je suis passionnée par la Gym suédoise et la course à pied (ou par les playlist sportives, je n’ai pas encore élucidé le mystère), la cuisine et les bentos, le Best Movies Project qui avance très honorablement et également l’œnologie (qui au bout d’un certain nombre de dégustations peut s’avérer contradictoire avec mes passions sportives mais plutôt assortie à ma passion culinaire). J’ai déjeuné avec un ami qui explique ma tendance à la lubie par une nature enthousiaste. Et qu’étymologiquement, enthousiasme signifierait « porté par les dieux ». Et ça, ça me plaît. J’ai voulu confirmer l’information avant de vous la communiquer, et suis tombée sur ce site. Si vous voulez des définitions plus conventionnelles, il y a aussi le TLFi.

En tous cas, j’aime bien le mot « enthousiasme ». Et je vais de ce pas mettre mon enthousiasme au service de mon travail (avant-dernier jour de l’excuse « c’est le mois d’août »).

Smootheries sur les réseaux sociaux

2 thoughts on “Lubies à gogo

  1. Au risque de perdre une partie substantielle de mon anonymat, je me dois, mue par le devoir de mémoire qui est le mien, de préciser que la lubie "mythologie" s'est quand même soldée par la mort tragique de MA grenouille Isis, que tu as 1) nommé puis 2) clairement écrabouillé avec la roue arrière de ton VTT. Je dois dire que MON "enthousiasme" en a été durablement entamé.

    Mademoiselle la non procédurière mais non moins victime anonyme d'une lubie smootheuse

    PS : Je rayerais volontiers la mention "malheur" de la lubie "frénésie gastronomique"

  2. Wikipédia lie son article "Lubie" à l'article "Toquade", à la lecture duquel nous apprenons que la canne a fait le sujet d'une toquade dans les années 1900,le cerceau dans des années mystérieuses,les semelles ferrées en 1946,le hula hoop en 1958,le yo-yo en 1962,le tac-tac vers 1970,les porte-clés dans les années 1960 et 1970,le pin's à partir de 1987,le Rubik's Cube 1974,les pogs en 1996,les jojos en 1997,les tamagotchi en 1998 et enfin les scoubidous depuis les années 1960. Et puisque la particularité et le point commun de toutes ces toquades est quand même d'avoir pour noms de baptêmes des expressions pré-indo-européennes, j'ajoute volontiers la carte Crados, qui a constitué un authentique trait de génie pour la génération déshéritée (et désenchantée dixit).

Répondre à Anonymous Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *