Je vous avais promis une série sur les 10 Yamas et Niyamas. J’en arrive laborieusement au 3ème Yama, c’est à dire la 3ème « observance morale » du yoga, ne désespérez-pas, on arrivera au bout (les précédents sont éparpillés sur mon blog, si vous avez oublié ce que sont les yamas ou niyamas, ou ce que signfie Ahimsa : épisode 1, épisode 2, épisode 3).
Asteya est donc le 3ème des Yamas, que le yogi cherche à appliquer dans sa vie quotidienne.
Asteya signifie littéralement « le non-vol ». Mais il ne s’agit pas uniquement de vol au sens juridique du terme : dans la philosophie hindouiste, on « vole » dès lors que l’on acquiert des choses dont on n’a pas besoin, alors même que d’autres en ont besoin. « Un objet, dit Gandhi, même s’il n’a pas été acquis par le vol, doit néanmoins être considéré comme dérobé, si on le possède sans en avoir besoin« . En ce sens, le fait d’être envieux des autres peut aussi être considéré comme une violation d’Asteya : on voudrait leur « voler » ou s’approprier leur succès, leur beauté, leur bonne santé, leur souplesse, leur chance, parce qu’on pense qu’on les mérite, et parce qu’on pense qu’on ne peut pas se les procurer par nous-même… En sens inverse, le minimalisme tend à respecter Asteya (même si le minimalisme peut aussi s’apparenter à Aparigraha, dont on parlera dans l’épisode 6).
Voici la vision de Faustine, l’un des Happy Yogis in Paris, qui donne plein de super cours à Paris :
« Ce qu’il faut garder en tête avec les Yamas, c’est que même si ces préceptes sont à appliquer au monde qui nous entoure et à notre comportement avec les autres, ils sont tout aussi bons à prendre pour nous-mêmes ! Asteya, c’est aussi ouvrir les yeux sur ce que nous nous empêchons d’être, ces qualités et ces opportunités que nous réfrénons souvent par peur, consciente ou inconsciente. Asteya, c’est se laisser la place d’être, de s’accomplir, de ne pas se cacher ou se trouver d’excuses. Asteya, c’est ne pas se voler à soi même cette chance de réaliser que tout ce que nous souhaitons est possible, que tout ce que nous désirons existe déjà à l’intérieur de nous. »
Quant à moi… Asteya est l’un des Yamas qui m’a le plus fait réfléchir l’année dernière (même si ce n’est pas le seul) et voici le résultat de ces réflexions :
Comment je respecte Asteya dans ma vie ?
Je vais vous confier un truc : quand j’étais gamine, j’avais toujours l’impression de manquer, de ne pas avoir assez ou encore d’avoir moins que d’autres. Les jouets des autres me faisaient tout le temps envie et même plus tard, à l’adolescence, j’étais frustrée que la plupart de mes copains partent en vacances au bout du monde ou en voyage linguistique pendant que je bossais en juillet pour payer mes vacances en août. Je partais donc de loin pour ce Yamas en particulier. D’ailleurs quand j’avais 15 ans, mes parents ont du venir me chercher au commissariat pour vol à l’étalage : une violation directe d’Asteya, pas la peine d’aller chercher la subtilité (ce n’était pas tant pour le produit du vol que par stupide rébellion, mais bon). Aujourd’hui, la manière dont j’applique Asteya dans ma vie est en essayant le plus possible d’être reconnaissante pour ce que j’ai, sans me demander si mon voisin a plus que moi, et sans avoir l’impression que je mérite plus que ce que j’ai. Avec les années, c’est quelque chose qui est de plus en plus facile (mais jamais gagné, évidemment).
Comment j’applique Asteya dans ma pratique du yoga ?
Pendant longtemps, j’ai réfléchi à la manière d’interpréter Asteya s’agissant de la pratique physique du yoga. Une manière de le voir serait « ne pas être envieux de la pratique de son voisin » (sa souplesse, sa force, le fait qu’il arrive à faire telle posture alors que moi, non). Mais j’ai aussi lu, l’année dernière, qu’Asteya sur notre tapis pouvait être interprété comme un manque de confiance en nous pour créer ce dont nous avons besoin (genre, l’énergie nécessaire).
Alors, est-ce que j’envie la pratique de ma voisine au yoga ? Oui et non ! Evidemment, ne pas se comparer avec le voisin fait partie des choses que votre prof de yoga vous répète. Facile à dire. Avec les années, j’ai honnêtement arrêté de regarder mes voisins faire du yoga. Ca ne s’est pas fait en un jour. Ni même en un an. Mais maintenant, je m’en fiche (je suis trop concentrée pour garder l’équilibre pour regarder à côté). En revanche, je reste plutôt sensible aux comportement un peu « show off », dans le yoga. La voisine ou la prof qui fait super bien une posture hyper difficile me laisse indifférente (ou plutôt je me contente de trouver ça joli) (par exemple, j’adore regarder les photos de Tatiana, une prof de yoga ancienne danseuse, qui est très souple et gracieuse. Je me dis juste « c’est beau »). Mais si la personne hyper souple ou hyper forte est un peu dans la revendication et la démonstration de ses postures, ça m’énerve assez vite. Et je peux me sentir envieuse, non pas de sa pratique finale, mais du chemin parcouru ou du temps qu’elle a pu y consacrer, que j’estime ne pas avoir, moi « Bah c’est bon, elle peut bien faire le grand écart, elle passe 5h par jour à faire du yoga, elle n’a que ça à faire »). Ce que je trouve intéressant, c’est ce que ça dit de mes préoccupations du moment : ce dont j’estime manquer aujourd’hui, c’est de temps (sans blague) et je vais être plus facilement envieuse des personnes qui semblent en avoir plus que moi.
Est-ce que je manque de confiance pour créer ce dont j’ai besoin pour ma pratique ?
Super chouette ton article!! c’est rigolo parce qu’en ce moment, on passe en revue les yamas aussi, et on vient juste de parler de celui ci justement, ton article tombe à pic 🙂
Héhé oui, et ce qui est intéressant, c’est que tu peux lire 10 articles sur le sujet, ils seront tous différents ! 😀