Hatha, Ashtanga, Vinyasa et Cie : le yoga dans tous ses états

J’ai un défaut notable, c’est que quand je m’intéresse à quelque chose, je passe une centaine d’heures à investiguer le sujet, puis j’oublie que les connaissances que j’ai emmagasinées ne sont pas évidentes pour tous. Donc typiquement, je vous cause de yoga comme si la différence entre l’Iyengar et le Jivamukti coulait de source pour tout le monde, alors que visiblement, plutôt pas (vu que vous avez peut être d’autres passions dans la vie). Du coup on m’a demandé à plusieurs reprises d’expliquer un peu tout ça. « T’es mignonne Smooth, mais on sait pas de quoi tu parles, là. « (c’est aussi une forme d’humilité, hein, je me dis que vous lisez 18 000 autres blogs qui vous expliquent bien mieux que moi ce genre de choses).

Plow Pose (la Charrue)
Plow Pose (la Charrue)

Donc donc. Option facile, je vous renvoie vers l‘article de ma copine Jessica, prof de yoga de son état, qui est plutôt très clair. Mais voici aussi un petit topo rapide rédigé par mes soins, pour vous éclairer sur les différentes formes de yoga que vous trouverez la plupart du temps dans les studios :

* Le Hatha Yoga : on commence généralement par décrire celui-là parce que c’est celui qu’on trouve un peu partout en France. Si vous faites du yoga mais qu’on ne vous a pas dit lequel c’était, souvent, c’est ça. On tient les postures longtemps, on revient au sol pour 1 à 3 respirations profondes entre chaque posture et on passe un temps non négligeable à méditer ou se relaxer (aaaah le Yoga Nidra à la fin d’un cours de Hatha = Paradis) (Yoga Nidra = relaxation pure et dure = bonheur) à la fin du cours. Perso, c’est comme ça que j’ai commencé le yoga, dans ce studio fantastique de la rue Daguerre (si vous habitez dans le 14ème ou le 13ème, foncez). Ca ne veut pas dire que c’est un yoga de débutant, comme le souligne Jessica, d’ailleurs. Ca dépend du cours, ça dépend du prof, ça dépend de vous. Ce n’est pas une question de niveau ou d’intensité physique (même si en l’occurrence, en chimio comme c’était mon cas, on fait plus facilement du Hatha Yoga que de l’Ashtanga).

Pour qui ? Le Hatha Yoga, c’est plutôt pour tout le monde, vu que la pratique s’adapte facilement à tous. On peut très bien se mettre au Hatha Yoga si on est débutant, si on est enceinte, si on a des problèmes de santé (mais dans ces trois cas, c’est mieux de le faire avec un prof que tout seul devant une vidéo). J’ai aussi rencontré des gens qui avaient fait quelques cours de « yoga » et qui disaient ne pas aimer parce qu’ils s’ennuyaient. Donc ce n’est pas forcément (en première intention) pour les gens qui ont besoin que « ça bouge » et qui ont envie de trouver un aspect très sportif dans leur pratique du yoga (même s’il y a un vrai effort physique et que vous aurez peut-être des courbatures le lendemain).

* L’Ashtanga Vinyasa Yoga (communément appelé « Ashtanga » tout court), donc. C’est un yoga dynamique, c’est à dire qu’on enchaîne les postures au rythme de son souffle. Le tout forme une belle chorégraphie, un enchaînement qui est toujours le même et qu’on appelle « La Première Série » (Ashtanga Primary Series en anglais). En vrai il y a six séries, mais le commun des mortels dépasse rarement la première voire éventuellement la deuxième (d’ailleurs la deuxième n’est que rarement enseignée en studios, on la trouve plutôt sous forme de stages). L’Ashanga se pratique de deux manières : en pratique guidée (le prof vous dit quoi faire) et en pratique autonome, dite « Mysore Style« , c’est à dire qu’on pratique seul, comme c’est traditionnellement le cas dans la ville indienne de Mysore, berceau de la pratique. Par autonome, on veut dire que l’élève a appris l’enchaînement et le pratique à son rythme, sous la supervision d’un professeur de yoga qui l’ajustera et lui indiquera les modifications à appliquer éventuellement (si t’as des épaules en bois comme moi, par exemple).

Pour qui ? Là encore, en théorie pour tout le monde, à condition, si on débute, de se tourner vers un cours débutant, un cours pas trop plein, un vrai cours tous niveaux (parfois si on rejoint un cours tous niveaux en milieu d’année, le prof a ses 10 habitués qui progressent avec lui depuis quelques mois et le cours pourra être un peu plus dur à suivre) (en général les profs demandent s’il y a des débutants, mais tout le monde peut oublier…).

L’Ashtanga est déconseillé pendant le premier trimestre de la grossesse, aussi (si on est déjà pratiquant on peut reprendre au deuxième trimestre, si on débute, c’est peut-être pas le meilleur moment pour s’y mettre) (moi j’ai trouvé que ma pratique n’était pas assez ancienne – j’en faisais depuis 3-4 mois quand je suis tombée enceinte – et j’ai donc fait du prénatal et du hatha yoga pendant ma grossesse).

C’est une pratique physiquement exigeante, donc elle plaira aux sportifs, aux gens qui aiment le challenge. C’est contraignant, aussi, parce que traditionnellement, l’Ashtanga se pratique 6 fois par semaine, le matin, et qu’il faut pas loin de 2h pour faire la première série en entier. Après on n’est pas obligé d’être tradi, et rien n’empêche d’aller suivre un cours guidé d’Ashtanga deux soirs par semaine hein.

* Le Vinyasa Yoga : c’est la forme la plus pratiquée de yoga dynamique en France, en tous cas je crois. Il est inspiré de l’Ashtanga, mais il est « libre ». Du coup, pas de pratique autonome ici : le prof fabrique son cours (on parle de « Flow » pour caractériser l’enchaînement fluide créé par le prof) à partir des postures et enchaînements traditionnels et guide les participants pendant 1h à 1h30. Du coup c’est hyper varié, ça peut être en musique ou sans, ça peut être relativement facile ou difficile, ça peut travailler tout le corps ou suivre un objectif particulier (focus sur les inversions, les flexions arrière, les torsions, etc).

Pour qui ? Là aussi pour tout le monde en théorie. Les contre-indications sont à peu près les mêmes que l’Ashtanga. J’ai fait un peu de Vinyasa pendant le 2ème trimestre de ma grossesse, avec des profs (pas en vidéo, c’est important que le prof puisse donner des indications spécifiques si vous êtes enceinte) (sauf si vous avez l’habitude de faire du yoga enceinte et connaissez tous les ajustements et contraintes).

Ce que j’aime bien avec le Vinyasa, c’est justement ce côté « libre ». Tiens aujourd’hui je n’ai que 30 minutes, je fais prendre une vidéo rapide mais physique. Tiens je suis un peu fatiguée, je vais faire du Vinyasa niveau 1. Tiens je pète la forme et ma fille est chez ses grands-parents, je vais me faire 90 minutes avec un focus sur les inversions. Etc. Le Vinyasa, une fois qu’on maîtrise les bases et la plupart des postures (on ne maîtrise jamais parfaitement hein, mais une fois qu’on sait comment s’aligner et ne pas se blesser dans telle ou telle posture), c’est l’un des trucs les plus sympas à faire chez soi dans son salon avec des vidéos cool je trouve.

* Le Bikram Yoga ou Hot Yoga : c’est assez connu, on ne peut pas le pratiquer à la maison parce que la salle est méga chauffée. On sue à grosses gouttes en entrant, on est méga souples en sortant (chaleur = souplesse), et comme pour l’Ashtanga, il s’agit toujours du même enchaînement (mais pas le même qu’en Ashtanga). Croyez-le ou non, je n’ai jamais mis les pieds dans un studio de Bikram. Mais j’envisage de tenter ma chance.

Pour qui ? Pas pour tout le monde, pour le coup. Déjà, en théorie, c’est déconseillé aux femmes enceintes (il paraît que certains studios laissent les femmes enceintes pratiquer, honnêtement je trouve ça dangereux). C’est déconseillé si vous avez des problèmes de cœur ou de tension, et peut-être d’autres pathologies, je ne sais pas. C’est une pratique physique intense dans une salle chauffée à je ne sais plus combien de degrés, mais il fait chaud quoi. Par contre ce n’est pas déconseillé aux débutants, puisque là aussi le prof peut venir vous ajuster, vous conseiller, etc. Ca plaît aux personnes qui aiment l’effort physique, le challenge, tout ça. Et qui aiment avoir chaud, obviously (genre si vous détestez suer ou êtes un peu sensible aux odeurs de transpi du voisin, oubliez). Je crois que ça améliore nettement la souplesse, du coup c’est assez gratifiant, même si certains puristes trouvent que c’est de la triche.

* L’Iyengar : c’est un yoga dont le focus principal est l’alignement. Fuyez comme la peste si vous êtes du genre « à l’arrache », le prof viendra vérifier au millimètre près que votre pied et votre bras sont dans le bon axe. C’est une pratique hyper exigeante mais où on apprend beaucoup, donc.

Pour qui ? Tout le monde (débutants acceptés), mais plutôt les sportifs, les gens rigoureux, les gens patients.

* Le Jivamukti : je n’en ai jamais fait mais ma copine Karine est hyper fan. C’est en musique et il y a non seulement un « flow » (ce fameux enchaînement fluide de postures) assez rapide mais aussi des mantras, des récitations, de la relaxation… Ca a l’air très complet.

Pour qui ? Je pense que c’est adapté à tous, mais pour le coup je n’en ai jamais fait.

* Le Yin Yoga : rien à voir avec les précédents, on est là pour se détendre. Mais n’allez pas croire qu’on ne travaille pas, hein. D’ailleurs il y a des cours de Yin Yoga classés niveau 2 (ou Intermédiaire), car il s’agit de tenir très longtemps des postures. Des postures assez passives, comme le pigeon, ou le happy baby (par exemple), mais exigeantes quand même. En fait ça demande beaucoup de patience, et donc de pratique (5 minutes en pigeon, ça n’en a pas l’air, mais ça peut taper sur le système, voire être inconfortable si on n’a pas les hanches très souples). Du coup, au-delà de l’aspect physique (qui est important parce qu’il y a un étirement profond), on travaille aussi sur l’aspect nerveux et psychologique. Moi j’adore le Yin Yoga (et j’adore le pigeon, faut dire). Le fait de tenir longtemps ces postures permet de vraiment relâcher les muscles.

Pour qui ? Pour tout le monde. Mais plutôt pas pour les gens impatients, en tous cas en début de pratique. Personnellement je suis (j’étais ?) du genre impatiente qui cherche le challenge et l’effort physique (donc Ashtanga et Vinyasa) et même en cours de Hatha Yoga, j’avais tendance à m’impatienter un peu, à avoir du mal à canaliser mes pensées, et parfois à m’ennuyer. Et ce n’est qu’après plusieurs années de pratique dynamique que l’envie de faire du Yin est apparue, une fois que – je crois – j’ai appris à renoncer à vouloir « faire » des choses, voir une progression, m’amuser, etc. Maintenant, passer 1h dans une pratique très lente et ressourçante, c’est un vrai bonheur pour moi, mais il y a six ans, ça m’aurait gonflée, disons le clairement. Il y a des gens qui diront que pratiquer le Yin peut apprendre à se calmer et à renoncer au mouvement perpétuel. Mais bon dire à quelqu’un qui s’est ennuyé/impatienté pendant un cours que s’il consent à s’ennuyer comme ça régulièrement pendant 1 an, ça ira mieux ensuite, c’est un pari. Mon ressenti c’est qu’on peut bénéficier des effets relaxants de pratiques plus dynamiques si c’est ce dont on a besoin dans un premier temps et qu’on se tournera ensuite naturellement, peut-être, vers une pratique plus posée.

Voilà, vous n’avez plus qu’à vous lancer.

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13 thoughts on “Hatha, Ashtanga, Vinyasa et Cie : le yoga dans tous ses états

  1. Punaise! Merci pour cet article! J’aurais adoré en lire un de ce genre quand j’ai cherché mon 1er cours de yoga. Du coup, je suis tombée dans un cours d’ashtanga super dynamique (soi disant tout niveau), qui m’a donné l’impression d’être une octogénaire dans un cours de zumba…
    Heureusement, plus tard j’ai rencontré le hatha yoga, et là, voilà, je suis à ma place 🙂

    • Haha oui, en effet, rares sont les cours d’Ashtanga, même tous niveaux, où l’on se sent à l’aise si on n’a pas une condition physique de folie ! Je sais qu’il y a des femmes qui continuent de pratiquer pendant leur grossesse (à partir du 4ème mois), mais moi par exemple, j’étais juste trop fatiguée, quoi. Heureusement que tu n’as pas laissé tomber et trouvé un autre cours qui te convient ! (en sens inverse, je connais pas mal de gens ayant testé uniquement le Hatha et abandonné parce qu’ils s’étaient ennuyés, sans jamais essayer autre chose, dommage !)

  2. Donc je fais du Vinyasa ^^
    En ce moment je refait le challenge d’Adrienne suivit de 15 minutes de gentle morning yoga de Candace puis 15 minutes pour les hanches de Candace aussi. Mais comme toi va falloir que je travaille mes épaules, c’est pas gagné ^^ »
    J’ai repéré une vidéo de Candace ciblée pour la sciatique va falloir que j’essaye.
    Mine de rien je suis beaucoup plus souple qu’avant et je vois de réels proprets, mais je deviens impatiente XD
    Merci pour l’article maintenant j’y vois plus clair 🙂

    PS: Le panda est trop mignon <3

    • Ah oui tu te fais de belles séances !
      Moi j’ai fait 15 minutes de morning yoga de candace ce matin, je suis décidément fan de cette prof ! Ses vidéos répondent toujours à mes attentes : quand je cherche « morning yoga », c’est que je veux un truc doux et rapide pour me délier et me réveiller, quand je cherche power yoga afternoon, c’est quelque chose de complet et efficace, etc. D’un point de vue physique, elle vise toujours juste. Ensuite pour l’aspect vraiment méditatif du yoga, c’est en Mysore ou Ashtanga que je m’y retrouve le plus, dans la répétition quotidienne (ou presque !) de la même série, avec ses difficultés, ses flemmes (on a tous des postures qu’on n’aime pas), ses challenges (le jour où tu touches enfin tes doigts derrière ton dos, haha) (et puis le lendemain, ça ne veut pas), etc…
      Aaaah l’impatience… Oui. Pareil. Parfois je suis impatiente. Et puis je réalise que c’est ça aussi le yoga : le détachement, le lâcher-prise… c’est justement en apprenant à ne pas être impatient, ou en reconnaissant qu’on l’est… mais en prenant son mal en patience, qu’on progresse dans sa tête. Sur le tapis. Et hors du tapis, ensuite.
      Bref, je m’égare. 😀
      En tous cas, ravie que l’article soit utile ! 🙂

  3. Hiiiiiiiiiiii! (Ça c’était pour le panda)

    Merci pour cet article, maintenant c’est très clair 🙂

    • Hihi oui, pensée spéciale pour toi en choisissant le panda en illustration ! 🙂
      Et ravie que l’article soit utile ! <3

  4. Purée, super documenté cet article. Et moi qui dois m’inscrire depuis 2 ans au yoga à 2 pas de mon job, mais c’est du Hatha yoga, sûr.
    En tout cas, c’est intéressant à lire. Merci

    • Merci ! Le meilleur moyen de le savoir, c’est d’aller tester, hihi.

  5. Bonjour, je viens de découvrir ton blog qui est très sympa . Ces explications sur la variété des yogas sont intéressantes. Le jivamukti est très sympa car très complet et rester dans les poses fait travailler les muscles profonds… À bientôt

    • Merci ! Oui j’aimerais bien tenter le Jivamukti aussi ! Je crois qu’il y en a entre midi et deux cette année, près de mon bureau. Je vais peut être donc enfin en avoir l’occasion. 😀

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